Coryza (1)
Le coryza : Une maladie qui n’existe pas.
Bonjour à tous, aujourd’hui, c’est volontairement que j’ai entamé cet article par un titre accrocheur qui j’en suis sûr n’a pas manqué de vous faire froncer les sourcils.
Rassurez-vous, je vais donc bien sûr justifier ce titre tout au long de cet article.
Mais pour commencer, une question : Qui n’a pas déjà, vu, lu, entendu, ou même prononcé ces mots : « Mes pigeons ont du coryza. Ou encore mes pigeons ont du coryza sec, coryza humide, la maladie de la grosse tête, ou bien d’autres expressions de ce genre encore ? » Toutes des affirmations bien connues de chacun d’entre vous, et bien pourtant je vous l’annonce haut et fort, tous ces termes ne veulent strictement rien dire d’un point de vue médical. De la même façon que l’on me pose parfois la question : « Docteur, comment fait-on pour traiter du coryza sec ? » Et bien la seule et bonne réponse à cette question est… qu’il n’y a pas de réponse car c’est une très mauvaise question…
Essayons d’y voir un peu plus clair…
Que signifie le terme « Coryza » ? Et bien en fait, ce terme est parfois utilisé pour caractériser un « symptôme » que nos pigeons présentent. Exemple : Mes pigeons volent 3 minutes et puis se posent sur le toit avec le bec ouvert. Autre exemple, certains de mes pigeons ont un ou deux yeux qui coulent. Ou encore, j’entends éternuer dans mon pigeonnier, ils ont le nez sale,… Parfois même plusieurs de ces symptômes apparaissent en même temps, cet ensemble de symptômes devient donc un « syndrome » (qui signifie donc ensemble de symptômes).
Si je résume donc tout ceci, le terme coryza (sec, humide, …) est soit un symptôme, soit un syndrome qui caractérise au sens large un « problème d’ordre respiratoire chez le pigeon ». Mais donc vous l’aurez compris en aucun cas une maladie au sens strict du terme. En fait l’origine de cette appellation est historique, et remonte à très longtemps. Elle est due au fait que les premiers scientifiques qui ont étudié la santé des pigeons ont remarqué tous ces problèmes mais ils ne connaissaient à l’époque pas encore « l’étiologie » (les causes) de ces problèmes. Ils ont donc appelé ces symptômes « coryza ».
Et puis au fil du temps, malgré les avancées de la médecine, ce terme populaire est resté. Heureusement pour nous, depuis ces temps lointains, la médecine vétérinaire a fait des progrès. Et on est maintenant parvenu à identifier les « causes », les « agents responsables » de ces symptômes. Et donc on a pu attribuer des noms plus précis, et donc des noms réels de maladie. Vous en connaissez d’ailleurs quelques-unes également. Si je vous dit « ornithose » je suis sûr que cela vous parle, si je vous dis « herpesvirose », je suis sûr que cela signifie quelque chose à certains d’entre vous aussi.
Et oui, ces 2 maladies pourraient donc être englobées dans le terme général coryza car ils peuvent créer les symptômes cités plus haut.
Mettons-nous maintenant à la place du vétérinaire (cela tombe bien j’en suis un ☺ ) et bien, que l’on ait à faire à un coryza dû à de l’herpesvirose, ou à un coryza dû à de l’ornithose, et bien les traitements sont radicalement opposés.
En effet un des deux est un virus, et l’autre une chlamydia. Et pourtant les signes que vous remarquerez chez vos pigeons peuvent être tout à fait identiques. Ils pourraient également être identiques si vos pigeons souffrent d’un coryza à mycoplasme, ou encore d’un coryza bactérien (staphylocoque, E coli,…), mais ils pourraient aussi être dus à un coryza environnemental (dû à une aération défaillante par exemple). Et voilà, à chaque fois, notre pigeon a donc un coryza, mais à chaque fois le traitement efficace sera différent. Il est important de noter qu’un traitement mal ciblé ne servira donc à rien, et peut même dans certaines circonstances faire pire que mieux, en imposant au pigeons le poids d’un traitement médicamenteux inutile.
Une autre classification intéressante pour ces problèmes est de localiser le problème, de différentier un problème des voies respiratoires supérieures (nez, gorge, œil), d’un problème inférieur (profond), trachée, bronches, poumons. Et oui, en médecine on vous parle de rhinite, sinusite, bronchite, pneumonie,… et non pas de coryza…
J’espère donc qu’après la lecture de cet article, là où vous parliez avant de coryza, ou encore de coryza sec, vous parlerez maintenant de coryza viral, bactérien, coryza des voies respiratoires supérieures, ou des voies respiratoires inférieures, ou encore même mieux vous n’utiliserez plus le terme coryza tout court, et parlerez d’ornithose, d’herpesvirus, de rhinites, de conjonctivites,…
Mais revenons maintenant à notre question initiale : « Docteur, que puis-je faire pour traiter un coryza sec ? » Et bien vous avez donc maintenant vous-même la réponse : « Et bien, la question posée comme cela : « rien », car votre question est une mauvaise question ».
Vous me direz (et non sans avoir un peu raison) que concrètement… c’est bien beau de « jouer sur les mots » mais qu’au final, tout ceci n’a pas aidé à régler notre problème de pigeons qui volent 3 minutes et puis qui se posent le bec ouvert, notre problème de « nez sale », ou encore notre problème de mauvaises performances.
C’est vrai. Mais toute cette mise au point est importante pour comprendre la suite et donc justement que le choix du traitement ne se fera pas sur base des symptômes, mais bien des causes de ces symptômes. Car vous l’avez donc compris maintenant, ces symptômes de « coryza sec » (voilà, c’était la dernière fois que je prononçais ce mot dans mes articles) seront la conséquence de la cause de ces symptômes qui peut être très différentes pour des symptômes totalement similaires.
Et comme si tout ceci n’était pas assez compliqué, en pratique… très souvent… on n’a pas UNE cause, mais une somme de PLUSIEURS causes concomitantes. Et donc il n’y aura pas UN traitement, mais DES traitements. Attention je parle de « traitement »… à ne pas confondre avec le terme « médicament », ce sont encore une fois 2 termes très différents.
Mais pourquoi PLUSIEURS causes ? Prenons un exemple chez l’homme d’abord. On installe la climatisation (la clim) dans votre bureau au travail, juste au dessus de votre chaise. En plus de l’air frais soufflé directement sur vous, vous êtes soumis à des changements de températures constantes dès que vous sortez de votre bureau. Vous êtes donc dans de mauvaises conditions, et cela vous fragilise, et prédispose au fait qu’un petit virus vienne vous créer une rhinite virale (un rhume) qui vient attaquer vos muqueuses respiratoires et les fragiliser. Et puis vous ne vous soignez pas, et quelques jours après, une bactérie profite des petites brèches créées par le virus pour venir « surinfecter » le tout.
Vous allez chez le médecin (car vous êtes maintenant plutôt mal, vous avez de la fièvre, et avez mal au crâne) et il vous diagnostique une sinusite bactérienne et vous prescrit un gros traitement antibiotique et une semaine d’arrêt de travail.
Qui est le responsable ? Et bien si vous avez bien suivi : la climatisation, le virus, et la bactérie, les 3 sont coupables. En effet, si vous ne vous étiez pas mis dans ces mauvaises conditions « sous la clim », vous n’auriez pas attrapé ce petit virus. Si vous aviez à ce moment pris un peu de repos, et stimulé votre immunité, vous n’auriez pas eu cette complication bactérienne, et donc vous n’auriez pas dû prendre ces antibiotiques. Il n’y a donc pas un mais 3 coupables à votre problème, et si vous soignez seulement un des 3, et bien votre problème ne se résoudra pas.
Et bien c’est tout à fait pareil pour les pigeons. Le traitement antibiotique dans la majorité des cas ne servira à rien sur le moyen terme si vous ne luttez pas contre les autres causes. Nous détaillerons plus ce chapitre dans la 2ème partie de cet article mais je terminerai cette première partie en me demandant si certains d’entre vous dans mon petit exemple humain se sont dit : « Ben il suffirait de prendre des antibiotiques 3 jours toutes les 3 semaines » cela vous aurait évité d’attraper une sinusite… ? Je pense que non.
Enfin j’espère que non. Et il y a une bonne raison pour cela. Hormis le fait que cela coule de source, que l’on ne prend pas des antibiotiques comme des bonbons, un antibiotique n’empêchera pas d’attraper cette sinusite les 18 autres jours où l’on n’est pas sous antibiotiques (car un antibiotique n’est JAMAIS préventif). Et pire encore, ils auront pour conséquence à long terme d’affaiblir votre immunité, et donc vous attraperez encore plus souvent une rhinite virale contre lesquels les antibiotiques n’auront aucun effet. Et donc vous serez encore moins souvent « en parfaite santé… »
Postposez cela à vos pigeons, cela mérite quelques instants de réflexion sur la justification d’utilisation massive et régulière d’antibiotiques « préventifs » chez vos pigeons. Dans la seconde partie de cet article, je détaillerai plus en profondeur tous les différents « agents responsables » de ce qu’on appellera donc maintenant plus du « coryza ». Car il faut connaître son ennemi pour le combattre efficacement…
Coryza (2)
Il y a quelques semaines, j’écrivais un titre plutôt accrocheur qui annonçait que le coryza était une maladie qui n’existait pas. Bien sûr, tout de suite après, je développais mes propos, en précisant que ce qui était actuellement incorrect était l’utilisation du « terme » coryza, et non pas le fait de nier l’existence des maladies respiratoires du pigeons, bien au contraire.
Grâce à la première partie de cet article, vous savez maintenant que ce terme « coryza » est un terme générique et imprécis qui n’a plus sa place à l’heure actuelle dans le jargon vétérinaire.
Mais si nous n’utilisons plus le terme coryza, quelles sont les causes de tous ces problèmes respiratoires chez nos pigeons, très souvent considérés, et à juste titre comme un des soucis majeurs de santé, influençant donc les prestations de nos pigeons au concours ?
Et bien elles sont excessivement nombreuses. De cette problématique très complexe, je vais essayer d’en retirer, de la manière la plus simple possible, quelques points clefs, mais qui ne pourront pas être exhaustifs dans le cadre d’un seul article. Vous vous rendrez compte que vous connaissez la plupart de ces problèmes. En effet, je ne réinventerai pas la médecine dans cet article. Je vais juste tenter de rendre tout cela un peu plus clair.
Pour commencer, il me paraît impossible de discuter des maladies respiratoires sans un rappel anatomique et physiologique rapide du système respiratoire du pigeon.
Les voies respiratoires du pigeon sont composées des narines, des cavités nasales, des sinus, de la gorge, de la trachée, des poumons, ainsi que des sacs aériens. Ces derniers sont souvent peu connus car ils sont spécifiques aux oiseaux. Ils sont au nombre de 8 ou 9 en fonctions des espèces d’oiseaux. Ce sont donc des « poches d’air » présentes à de nombreux endroits du corps, ayant un double but : le premier que tout le monde connaît plus ou moins, c’est-à-dire donner une certaine légèreté aux oiseaux.
En effet, avoir des poches remplies d’air à l’intérieur du corps va permettre d’alléger l’oiseau et donc de faciliter le « vol ». Mais ces sacs aériens ont également un 2ème rôle, moins connu et plus complexe à expliquer : permettre une respiration optimale, c’est-à-dire un passage optimal de l’oxygène des poumons dans le sang, tant à l’inspiration qu’à l’expiration. Le système est très complexe, mais ce qu’il faut en retenir, c’est que lorsqu’un « homme » inspire (c’est-à-dire remplit ses poumons d’oxygène), ce sont ses poumons qui vont se remplir d’air. Lorsqu’il expire, ses poumons vont donc se vider de l’air. A ce moment précis, à la fin de cette expiration, vous l’aurez compris, le transfert d’oxygène est beaucoup moins efficace, car les poumons contiennent très peu d’oxygène.
Nous en avons déjà tous fait l’expérience. Gonflez vos poumons, retenez votre respiration le plus longtemps possible, et chronométrez le temps que vous réussissez à tenir.
Recommencez la même expérience avec les poumons vides (après l’expiration).
Vous vous rendrez très vite compte par vous-même de la différence.
Vous aurez donc compris le principe. 50% du temps, notre fonction respiratoire n’est pas optimale. Et bien le pigeon n’a pas ce problème.
En effet, lorsqu’il inspire, ce sont ces sacs aériens, et non ses poumons qui se gonflent. A l’expiration, ce sont ceux-ci qui se vident. Sans rentrer dans les détails compliqués, ce système permet aux pigeons d’avoir durant 100% du temps de l’air riche en oxygène dans les poumons. Et avoir donc un avantage d’oxygénation qui leur permet donc d’assurer un effort, de vol ici en l’occurrence, plus conséquent qu’un mammifère pourrait réaliser dans pareilles circonstances.
Cette particularité anatomique et physiologique, étant donc un réel point fort pour nos pigeons, s’avère également, comme souvent, être un potentiel point faible. En effet, tous ces sacs aériens sont des poches d’air où les potentiels agents infectieux peuvent trouver un endroit très propice pour se développer. Notre système immunitaire ainsi que des éventuels médicaments ont beaucoup de mal à atteindre les différents agresseurs.
Tout le long de ce système respiratoire, les parois de ces organes sont composées d’une couche appelée « muqueuse ». Le rôle de la muqueuse respiratoire est de servir de « barrière » de protection contres les différents agents infectieux. Elle joue un peu le même rôle que la peau à l’extérieur, c’est-à-dire une barricade de protection contre les agresseurs.
Cette description « simpliste » du système respiratoire des oiseaux est importante à rappeler avant de pouvoir aborder les points suivants.
Nous pouvons donc maintenant commencer à décrire l’ensemble des causes des troubles respiratoires du pigeon.
Alors donc, concrètement, quels sont les ennemis des voies respiratoires de nos pigeons ?
1) La poussière.
Alors là, je suis certain que je ne vous apprends rien. La poussière est d’ores et déjà un problème évident. Quand je rentre dans un pigeonnier, et que cela sent le pigeon, c’est déjà un problème. Cela a déjà été dit, redit, et reredit. Ce qui a été moins expliqué c’est pourquoi et comment cela pose problème.
Alors donc posons-nous la question : pourquoi est-ce un problème ? La raison est en fait très simple. Je viens de vous parler de la « muqueuse » respiratoire, comme étant la barrière qui permet de protéger le pigeon contre les différents agresseurs infectieux. Et bien la poussière, que ce soit les plus grosses particules ou les plus fines (qui ont tendance à descendre plus bas dans l’appareil respiratoire) va venir agresser et irriter la muqueuse respiratoire. Pour imager, elle va venir attaquer la barricade et ouvrir des brèches dans celle-ci. Une fois ces brèches ouvertes, le risque qu’un autre problème, dont on parlera plus tard (bactérie, virus, etc), réussisse à passer la barrière de la muqueuse sera plus important. Vous l’aurez compris, tout ceci est très logique.
Reprenons notre exemple : la poussière crée une brèche dans la barrière de protection, des bactéries s’engouffrent dans la brèche, créent une infection des voies respiratoires. Nous soignons alors ceci avec un antibiotique, ce qui détruit la bactérie et résous le problème. Le pigeon va mieux, il recommence à faire des prix. Mais problème, la brèche est toujours présente, et à la première occasion, un autre pathogène pourra se réengouffrer dans la brèche et recommencer à créer des problèmes. Et ainsi de suite, ce cycle peut se continuer comme cela durant toute la saison vous l’aurez compris. Nous sommes dans le cas classique où le colombophile ne fait pas de prix, on réalise un traitement antibiotique, les prix reviennent, mais 2 à 3 semaines plus tard, c’est déjà terminé.
Situation qui arrive au final assez souvent, et pour laquelle beaucoup trop de colombophiles arrivent à la conclusion que la solution à leur problème est de donner un antibiotique toutes les 2 semaines. C’est une mauvaise solution. Toute personne sensée préférerait boucher les brèches plutôt que de les nettoyer toutes les 2 semaines. Cependant, attention, la poussière n’est bien sûr pas le seul problème à « favoriser » les infections par des agents pathogènes. Il y en a malheureusement beaucoup d’autres.
2) Les courants d’air
Je passerai très vite sur ce point, car je pense que tout le monde parmi vous a déjà expérimenté lui même le résultat d’être resté trop longtemps en plein courant d’air. Et oui, en effet, comme pour la poussière, le courant d’air sur une longue période provoque une diminution de l’efficacité de l’immunité, et donc prédispose aux infections.
3) Surpopulation
On ne le répétera jamais assez, trop de pigeons dans un petit espace, augmente la poussière, diminue la qualité de l’air, et donc augmente la quantité de renouvellement d’air nécessaire. Tout le monde le sait, mais beaucoup font encore l’erreur de vouloir garder tel ou tel pigeon (qui n’a fait aucun résultat) car on ne sait jamais… Et donc augmente le nombre de pigeons par rapport à ce qui était prévu initialement, et cela au détriment de la santé de tous.
4) L’immunité déficiente du pigeon
On le sait tous, les hommes ne sont pas égaux devant la santé. Certains d’entre nous ont tendance à tomber tout le temps malade, faire la grippe chaque année, etc. Alors que d’autres personnes ne tombent jamais malade.
Chez le pigeon, c’est la même chose. Les pigeons ne sont pas tous égaux devant la santé. Certains sont très résistants. Et d’autres ont tendance à attraper tout ce qui passe comme maladie (surtout dans les paniers). Posséder une souche de pigeons plus fragiles au niveau santé prédisposera aux problèmes respiratoires.
5) Les virus
Au même point que chez l’homme, un rhume ou une grippe sont des virus respiratoires, il existe la même chose chez le pigeon, des troubles respiratoires créés par des virus. Le virus respiratoire le plus connu étant certainement l’herpesvirus qui une fois le pigeon infecté, est susceptible de refaire des poussées durant toute la vie. Un peu comme un bouton de fièvre chez l’homme (qui est aussi un herpesvirus, et a donc le même mécanisme).
La plus forte poussée sera souvent chez les pigeonneaux chez qui des problèmes respiratoires très contagieux vont se déclarer. Il peut également apparaître éventuellement des petites membranes jaunâtres dans la gorge. Ensuite, le pigeonneau passera au-dessus de la maladie et ira mieux. Non pas grâce à un antibiotique, mais bien grâce à son propre système immunitaire. Ensuite, la particularité d’un herpevirus est que le pigeon restera porteur toute sa vie, et à chaque stress, fatigue, .., le virus refera une petite poussée, certes moins forte que la première mais qui pourra néanmoins diminuer un petit peu les capacités du pigeon. Ce ne serait pas l’idéal en plein milieu de la saison.
D’autres virus du même type peuvent affecter les voies respiratoires du pigeons, avec chaque fois en point commun, le fait qu’aucun médicament n’est directement efficace contre ce virus, mais que c’est le pigeon lui-même qui doit surmonter le problème.
6) Les mycoplasmes
Les mycoplasmes sont des agents pathogènes un peu particuliers connus depuis moins de temps que les virus ou les bactéries. C’est une sorte de bactérie qui ne possède pas de paroi cellulaire. Le mycoplasme peut créer des lésions respiratoires, mais vu son absence de paroi, possède donc des caractéristiques qui le rendent insensibles à certains antibiotiques. Ils sont difficiles à diagnostiquer et demande souvent un test spécifique pour leur détection. Néanmoins, il existe un traitement. Certains antibiotiques comme le tylan® ou le suanovil® sont efficaces contre cet envahisseur.
7) Les chlamydias
Les chlamydias sont une sorte de bactéries mais vivant à l’intérieur des cellules de leur hôte. Là, elles sont particulièrement bien à l’abri du système immunitaire. Elles sont bien connues des colombophiles, sous le noms de la maladie qu’elle provoque : « l’ornithose ».
L’ornithose est trop souvent utilisée à tort ou même auto-diagnostiquée à tort par les colombophiles, dès qu’un problème respiratoire se profile à l’horizon. Pour avoir un diagnostic de certitude quant à la présence d’ornithose, il existe un test où l’on recherche dans un écouvillon prélevé sur le pigeon, l’ADN de la chlamydia. Si l’ADN est trouvé, la chlamydia est présente. Dans ce cas, le traitement passera par un traitement à base de doxicycline, mais attention, en cas d’infection avérée d’ornithose, le traitement devra être très long. On considère qu’un traitement d’un mois sera nécéssaire pour essayer d’évacuer toute trace du problème. Oui, vous avez bien entendu 1 mois. Ceci explique encore un peu mieux la nécessité de réaliser le test en cas de doute. En effet, quelle personne logique réaliserait un traitement antibiotique durant 1 mois sans être certain que ses pigeons sont positifs ? Et puis dans l’autre sens, traiter, mais pas assez longtemps, ne résous pas le problème complètement et laisse libre place au portage chronique, à éviter à tout prix.
8) Les bactéries.
Agent infectieux connus de tous, les bactéries peuvent également créer des problèmes respiratoires. En fonction du lieu où elles attaqueront, elles créeront des sinusites, des rhinites, ou même des pneumonies ou des aerosacculites (infection des sacs aériens).
Plusieurs bactéries différentes peuvent créer des problèmes : Staphyloccoques, pseudomonas, E. coli, etc.. Ces bactéries se composent de bactéries toujours pathogènes (c’est-à-dire des bactéries qui ne devraient jamais se trouver dans le système respiratoire des pigeons), de bactéries « potentiellement pathogènes », qui sont, elles, des bactéries qui peuvent se trouver dans une gorge de pigeons, mais qui deviennent pathogènes si elles se retrouvent en trop grandes quantités. On trouve également dans les narines ou les gorges des pigeons des bactéries qui ne sont, par contre, elles pas du tout pathogènes.
Le traitement contre les bactéries passe dans ce cas bien sûr par l’usage d’un antibiotique.
Mais là où on pourrait croire qu’en fait, la bactérie est donc presque la cause de problèmes respiratoires la plus simple à régler, on se rend compte qu’en pratique, que ce n’est pas toujours le cas. En effet, avec l’utilisation massive depuis 20 ans d’antibiotique de façon excessive en colombophile, se sont développées à l’heure actuelle de plus en plus de bactéries multi-résistantes aux antibiotiques. Ceci commence d’ailleurs à poser un réel problème dans le cadre des traitements. On commence même depuis quelques années à retrouver des bactéries qui sont résistantes à tous les antibiotiques disponibles. Et dans ce cas, nous avons un problème.
La bonne nouvelle c’est que ce cas de figure est encore rare, la mauvaise nouvelle, c’est que malheureusement si certains colombophiles ne changent pas leur fusil d’épaules et continue à administrer des mélanges de parfois jusqu’à 4 antibiotiques en même temps à leurs pigeons, ces cas vont continuer à augmenter. Vous me direz, et bien au final tant pis pour eux, ils ont joué avec le feu ils se sont brulés. Mais malheureusement la réalité est plus compliquée que cela. En effet, ce sont les bactéries qui deviennent résistantes, et ces bactéries, une fois créées, peuvent contaminer TOUS les pigeons (dans les paniers par exemple), même les pigeons d’un amateur qui n’aurait jamais donné d’antibiotiques de sa vie à ses pigeons. Vous l’aurez compris.
Ce problème de résistances nous concerne tous.
9) L’addition de plusieurs problèmes cités ci-dessus.
Bien sûr, si chaque problème frappait un à un, tout serait beaucoup plus simple. Mais en pratique, tout est plus compliqué. Il y a rarement un seul problème ou un seul coupable des problèmes respiratoires chez vos pigeons. Mais souvent une addition de plusieurs soucis. Et oui tout est toujours une cascade comme expliqué plus haut. Un mauvais environnement dans le pigeonnier va « prédisposer » c’est-à-dire augmenter le risque qu’un autre problème puisse réussir à percer. Une souche de pigeons à faible immunité va largement augmenter le risque d’attraper le moindre problème qui peut trainer dans un panier, la présence d’un petit virus respiratoire bénin va également prédisposer à une surinfection bactérienne.
Bref, vous avez compris l’idée. Si vous avez un pigeonnier où les conditions sont mauvaises, une souche de pigeons à immunité faible, des porteurs d’herpes virus et une surinfection à une bactérie très pathogène, il y a une évidence : rien n’ira pendant les concours… car vous aurez des problèmes respiratoires… Mais si vous gérer le problème avec un antibiotique, vous règlerez la surinfection bactérienne… Vous verrez donc un mieux et peut-être une amélioration de vos résultats… Mais le fond du problème ne sera pas résolu. Et la chance que 3 semaines plus tard, l’amélioration des résultats soit déjà un souvenir et que les problèmes soient déjà de retour, sera extrêmement forte.
Voilà. Vous en connaissez maintenant un peu plus sur les responsables des problèmes respiratoires de vos pigeons. Dans la 3ème et dernière partie de cet article, j’essaierais de vous donner des conseils pratiques pour que maintenant que l’on connaît nos ennemis, on puisse les combattre efficacement et de façon durable.
Coryza (3)
C’est avec un peu de retard qu’arrive la 3ème partie de cet article. En effet, la saison est également très prenante pour un vétérinaire colombophile et le temps manque durant cette même période pour pouvoir écrire ces quelques lignes. Cette saison a été encore une fois très riche en enseignements au niveau professionnel. Mais le bilan professionnel ainsi que certaines réflexions sur les problèmes de santé des pigeons lors de cette saison fera l’objet d’un prochain article.
Revenons à nos problèmes respiratoires. Vous savez maintenant (si vous n’avez pas oublié le contenu des 2 premiers articles) que l’utilisation du terme coryza dans le jargon vétérinaire n’a plus sa place depuis un certain temps. Vous connaissez également le nom et les caractéristiques des agents qui créent les problèmes respiratoires des pigeons. Il est maintenant temps d’essayer de trouver comment combattre ou mieux éviter ces problèmes.
Et là, je vais directement décevoir certains d’entre vous qui attendaient la recette miracle depuis 3 articles pour éviter tous les problèmes. Car effectivement cette recette n’existe pas. Cela équivaudrait à dire qu’il existe un remède miraculeux pour que vous ou moi ne soyons jamais malades. S’il existait une méthode pour s’assurer que jamais vous n’attrapiez un rhume, une sinusite, une bronchite, la grippe ; et ce depuis que vous êtes bébé, et bien cela se saurait.
Pour les pigeons, c’est pareil. Vous pouvez suivre n’importe quelle méthode de firme de produits, ou n’importe quelle méthode ou conseils de n’importe quel vétérinaire, vous pouvez nettoyer et désinfecter votre pigeonnier 3 fois par jour, distribuer toutes les semaines des antibiotiques à vos pigeons, rien de cela ne vous donne à 100% la garantie qu’aucun problème ne surviendra.
Et bien à quoi servent alors les méthodes de soins ? A quoi sert-il alors de nettoyer quotidiennement son pigeonnier ? Nous en reparlerons.
J’imagine 2 réactions possibles à la lecture de ces derniers mots.
- Ceux parmi vous qui penseront : « N’importe quoi, moi cela fait 10 ans que jamais je n’ai eu un problème respiratoire dans mes pigeons grâce à ma méthode. ». C’est vrai, mais ce n’est pas pour cela que le risque que cela n’arrive l’année prochaine est nul. Comme vous ne pouvez pas être certain de ne pas attraper la grippe cet hiver même si vous ne l’avez pas attrapée depuis 10 ans. Mais en tout cas, cela veut dire que vous êtes dans le bon… enfin sauf si votre méthode consiste à distribuer de façon continue ou presque des antibiotiques à vos pigeons durant toute la saison de concours, où dans ce cas, le jour où le problème arrivera, je vous souhaite bien du courage pour le régler (mais on en reparlera). Mais avec cette réflexion, on commence à entrer dans la partie intéressante. En effet, certains colombophiles peuvent se vanter de ne pas avoir eu de problèmes respiratoires dans leurs pigeons depuis plus de 10 ans, alors que d’autres se plaignent de devoir combattre ce fléau chaque année à gros coup de mélanges d’antibiotiques tous plus forts les uns que les autres sous peine d’être incapables de faire un prix. Et parfois même malgré cette solution extrême, les résultats sont décevants.
- Ceux parmi vous qui désespèrent sont prêts à tout abandonner car ils sont persuadés (peut-être à juste titre) que, chaque année, leurs pigeons sont remplis de « coryza » et que bien qu’ils aient essayé tous les produits/médicaments/vétérinaires de Belgique, rien n’y fait.
Cela nous permet d’arriver à une première conclusion. Le risque 0 n’existe pas. Et personne n’est à l’abri. Tout ce que nous pouvons mettre en œuvre au point de vue préventif a pour but de minimiser les risques de maladie. Prétendre pouvoir réduire ces risques à 0 ne serait que de la charlatanerie.
Alors oui, on peut estimer que, dans certains colombiers, le risque en début de saison de développer des problèmes respiratoires est très faible, alors que dans d’autres, presque à coup sûr la saison sera parcourue d’embûches. Mais cela implique donc que comme toujours il existe des exceptions. De la même façon que vous pouvez fumer comme un pompier, boire votre casier de Jupiler par jour, manger gras et vivre jusqu’à 90 ans et qu’à l’inverse vous pouvez être sportif non fumeur et anti alcool, et décéder d’un cancer des poumons à 45 ans. Les exceptions arrivent… Et donc un colombophile peu attentif, négligent, pourra réaliser une bonne saison, cela ne sera pas la règle et très vite il sera rattrapé par les problèmes la saison suivante.
A l’inverse, d’autres sont présents chaque saison au plus haut niveau avec aussi des exceptions de temps en temps, où ils seront moins bien que d’habitude. Les exceptions ne sont donc pas la règle. Niveau préventif, on parlera donc vous l’aurez compris de « minimiser » les risques et non pas du risque 0.
Ensuite, si malheureusement le problème arrive malgré toutes les précautions, on passera donc au « curatif » où il faudra alors repérer LA cause du problème, et la régler. Dans ces cas précis, très souvent, le problème se règle très vite. Tout le contraire du cas où on nous présente des pigeons en consultation mi-juillet, en nous disant que rien ne va depuis le début de la saison (depuis donc 3 mois). Dans ce cas-là, le problème sera TRES difficile à régler à court terme. Et ce même avec le meilleur produit et le meilleur vétérinaire du monde.
Comme déjà analysé dans le 2ème article, les problèmes respiratoires ne sont souvent pas dus à 1seul problème, mais plutôt à un ensemble de problèmes issus de causes différentes qui s’accumulent et profitent les unes les autres des dégâts réalisés par la cause prédisposante. J’en reviens à mon exemple de l’article précédent. Le pigeonnier mal aéré, rempli de poussière, va fragiliser la « muqueuse » respiratoire, ce qui permettra à certains virus de venir créer quelques dégâts supplémentaires, venir agrandir les brèches dans le mur de protection. Brèches dans lesquels s’engouffreront les bactéries et causeront des problèmes encore plus importants. Ce processus est un processus assez classique. Si vous ajoutez à cela une souche de pigeon à immunité très faible (suite à une sélection de plusieurs générations de pigeons constamment sous antibiotiques durant la saison, et chez qui le système immunitaires équivaut à celui d’un malade du SIDA., ou alors dû à certains virus tel le circovirus qui attaque l’immunité du jeune pigeon.), vous obtenez là la recette miracle du parfait développement des problèmes respiratoires chroniques. Dans ce cas, beaucoup d’amateurs, (et de vétérinaires ?), ont pour réaction d’uniquement tenter de régler ce problème en administrant à nouveaux des antibiotiques. Essayons des « autres » antibiotiques, essayons « plus » d’antibiotiques, essayons des « plus fortes doses d’antibiotique ». C’est une technique qui fonctionne parfois… mais jusqu’où ira cette escalade ? Mais c’est une technique qui beaucoup plus souvent, soit échoue, soit fonctionne le temps d’une ou 2 semaines et puis les problèmes réapparaissent. Et bien alors redonnons encore une fois « plus » d’antibiotiques 2 semaines après ? Et encore 2 semaines après ?
Si on y réfléchit, que fait-on ? On s’obstine à vouloir traiter uniquement une partie du problème. C’est exactement dans notre exemple comme si on s’obstinait à nettoyer toutes les 2 semaines les brèches du mur de protection naturelle de nos pigeons, plutôt que d’essayer de prendre des mesures pour les refermer.
Bref… comment solutionner ces problèmes ? Je répondrais en essayant de s’en prendre à tous les problèmes. Essayons de les repasser un à un. (Je me contenterai ici d’essayer de donner des solutions, pour savoir pourquoi tel agent crée tel problème, je vous renvoie au volet précédent de cet article.)
1) La poussière
Je vous ai expliqué pourquoi la poussière était le premier ennemi dans notre chaine de problèmes. La solution dans ce cas coule un peu de source et n’est pas neuve. Améliorer l’aération, en évitant les courant d’air. De plus en plus de colombier possèdent maintenant des extracteurs d’air. Ceux ci ne sont pas forcement nécessaire si le pigeonnier a été bien construit mais peuvent fortement aider dans le cas inverse.
2) Les courants d’air
Pas besoin de 10 pages pour vous expliquer pourquoi les courants d’air sont à tout prix à éviter. Les variations de températures et d’humidités sont également à éviter. Si le pigeonnier en est contraint, l’installation de plaques chauffantes avec thermostat peut aider fortement.
3) La surpopulation
Réduire la densité de pigeon dans un pigeonnier va non seulement limiter la poussière, mais également diminuer la propagation directe de potentielles pathologies.
4) L’immunité déficiente des pigeons
Gros chapitre, plutôt compliqué. Mais je vais essayer d’être précis et clair. La meilleure défense contre les problèmes respiratoires, comme d’ailleurs contre tous les problèmes tout court reste la propre immunité du pigeon. En effet, un pigeon qui aura une forte immunité sera capable d’enchainer les concours, avec proximité dans les paniers de pigeons non sains, sans pour autant contracter les problèmes des autres pigeons. A l’inverse d’autres pigeons à immunité faible n’échapperont pas à tomber malade au premier contact avec un pigeon d’un amateur concurrent dans le panier.
Les 2 ennemis de l’immunité du pigeons sont : a) le circovirus. b) la surmédicamentation.
a) Le circovirus (j’aurai l’occasion de réaliser un prochain article plus précisément sur le sujet) est un virus de plus en plus présent dans les pigeonniers actuels. Il touche principalement les pigeonneaux. Son action va être d’attaquer le système immunitaire des pigeonneaux. Laissant la porte ouverte à toutes les autres maladies. Comment peut-on l’éviter ? Et bien difficilement. Il n’existe à l’heure actuelle aucun vaccin contre ce virus. Mais on sait que le circovirus atteint les pigeonneaux principalement au post-sevrage. Ce Circovirus est une des causes des différentes hécatombes dont on a déjà tous entendu parler dans certains « one day lofts ». On peut néanmoins essayer de le prévenir. Comment ? En évitant d’introduire des jeunes pigeons avec ses propres jeunes. Au plus vous introduisez de pigeonneaux d’origines différentes avec vos propres jeunes (même s’ils ont l’air en très bonne santé, et viennent d’un très bon amateur), au plus vous prenez des risques. Evitez également de sevrer les jeunes trop tôt. Mais encore et c’est logique, essayez d’augmenter au maximum l’immunité de vos reproducteur qui transmettront plus d’anticorps par l’intermédiaire de l’œuf à leurs jeunes, en vaccinant correctement les reproducteurs avant l’élevage par exemple. Et en ne mettant à la reproduction que des pigeons avec une forte immunité.
b) La surmédicamentation est un second problème. Distribuer chaque semaine (où presque) le même antibiotique à ses pigeons n’est pas le problème le plus embêtant. En effet, les amateurs qui distribuent le même antibiotique systématiquement à leur pigeon, même si c’est bien sur déconseillé ne s’en rendent pas vraiment compte mais pourraient tout aussi bien distribuer de l’eau claire. En effet, en agissant ainsi ils sélectionnent pour leur pigeons une flore normale ainsi qu’une flore pathogène complètement résistante à cet antibiotique, l’antibiotique qu’ils administrent chaque semaine ne sert donc très vite à rien. A l’inverse, certains amateurs administrent systématiquement plusieurs antibiotiques, les variant chaque semaine, ou pire un mélange de plusieurs antibiotiques. Réfléchissons un peu aux effets réels de cette pratique. Je vais essayer d’être clair. A court terme (durant quelques années) (je ne m’étendrais pas sur les problèmes qui peuvent être engendrés à court terme, mais il y en a également, mais ceci n’est pas le sujet), cette technique a tendance à fonctionner. En effet, que faites-vous en faisant cela ? Et bien vous allez systématiquement chaque semaine mettre vos pigeons sous une bulle de protection. Vous allez « nettoyer » les brèches ouvertes dans le mur. Et donc forcément les pigeons peuvent enchainer les concours, et si un germe passe, l’antibiotique ne lui laisse pas le temps de créer un problème. Et donc les résultats sont présents. Si vous lisez régulièrement mes articles, vous devez vous dire que ces derniers mots écrits par ma plume sont surprenants. Ils ont même tendance à contredire tout ce que j’ai déjà pu écrire précédemment. Et vous avez raison, car nous arrivons au…
OUI MAIS…. parce que bien sur il y a un mais. Réfléchissons un peu à ce que nous faisons. Partant du principe qu’un antibiotique n’est jamais préventif, en faisant cela tout d’abord, nous donnons des antibiotiques très souvent pour rien. (Ce qui à court terme est très mauvais pour le foie et le détruit peu à peu mais ce n’est pas le sujet du jour). Ensuite en mettant le pigeon sous bulle, nous mettons par la même manière son système immunitaire « en repos ». Car il est supplanté par l’effet des antibiotiques. Le système immunitaire est comme chaque autre système, si vous ne l’utilisez pas, il s’affaiblit (comme un muscle, ou comme le cerveau 😉 ).
2ème conséquence, en agissant de la sorte, nous sélectionnons des pigeons dont l’immunité naturelle est catastrophique. En effet, l’antibiotique prend le relai, et un pigeon qui serait incapable de passer 24h dans un panier sans tomber malade, et donc serait par un amateur censé très vite éliminé de la colonie, peut maintenant faire des prix, grâce à cette « bulle » mise en place. S’il fait des prix, il sera donc gardé et un jour mis à la reproduction, et aura donc des chances de transmettre cette faiblesse immunitaire naturelle à sa descendance. Et donc petit à petit (en quelques générations) nous obtenons ce que j’appelle une colonie avec des pigeons « handicapés de l’immunité ». C’est-à-dire des colonies qui sont devenues « incapable de faire un prix, car incapable de rester 24 heures dans un panier sans tomber malade » sans l’aide d’antibiotiques. C’est pour cela que nous entendons certains colombophiles adeptes de cette méthode dire : « De toute façon, on ne peut pas jouer aux pigeons sans antibiotique, j’ai essayé 2 mois, je n’ai pas fait un prix, quand j’ai recommencé, les résultats sont revenus ». Et ils ont raison, leur souche de pigeons « handicapée de l’immunité » ne peut plus se passer d’antibiotique.
C’est quand même embêtant vous ne trouvez pas ? Et bien sûr, aussi bons joueurs qu’ils sont, si vous décidez d’aller acheter des pigeons chez eux, et que vous n’êtes pas une pharmacie ambulante, rarement vous réussirez avec leurs pigeons, car ceux ci, tout le temps malades, n’arriveront jamais en condition chez vous. 3ème problème, en distribuant ces mélanges d’antibiotiques à tort et à travers, nous augmentons systématiquement petit à petit les résistances des bactéries aux antibiotiques et créons des bactéries multi-résistantes. En mélangeant les problèmes 2 et 3, nous arrivons à des catastrophes. Le jour où une colonie « handicapée de l’immunité est en contact avec une bactérie multi-résistante… c’est le début de la fin. Car non seulement les antibiotiques ne sont plus efficaces, mais en plus les pigeons, même avec du repos n’ont plus le système immunitaire pour pouvoir passer au dessus du problème. Le colombophile clamant haut et fort pouvoir être son propre vétérinaire arrive alors ce jour là chez un vétérinaire dans ses petits souliers en demandant au vétérinaire de réaliser un miracle (situation vécue). Heureusement la situation où plus aucun antibiotique n’est efficace reste pour l’instant assez rare, car grâce à l’aide des antibiogrammes, on trouve encore généralement un antibiotique efficace contre ces problèmes, et on les solutionne. Mais là sonnette d’alarme est donc plus que tirée….
Les solutions pour augmenter l’immunité de ses pigeons sont multiples. Mais dépendent du statut actuel des pigeons. Chez les colonies « handicapée » de l’immunité, il sera hors de question d’arrêter les antibiotiques du jour au lendemain. Mais plutôt d’essayer d’espacer un peu à la fois la fréquence des traitements. Pour les colonies « raisonnables », il a été démontré que certains nutriments développaient l’immunité naturelle du pigeon. C’est le cas pour la vitamine A ou les β-carotènes, c’est également par exemple le cas de la vitamine C. Il sera également conseillé de n’administrer aucun traitement (sauf sous obligation absolue aux pigeons, et sous contrôle médical) durant l’hiver. Certains colombophiles également essaient de stimuler l’immunité des pigeons en les plaçant l’hiver en volières ouvertes aux 4 vents. L’efficacité de ce procédé reste à être démontré, mais la pratique a tendance à montrer des résultats très positifs.
5) Les virus
De nombreux petits virus peuvent infecter les voies respiratoires. Si l’immunité du pigeon est correcte (on en revient au point précédent) , celui-ci, parfois avec une semaine de repos, doit pouvoir passer au dessus sans trop de problèmes. Il existe cependant un virus plus embêtant, l’herpesvirus que nous avons détaillé dans l’article précédant. Il existe contre ce virus un vaccin, qui est bivalent avec la paramyxovirose. Il est encore difficile de pouvoir affirmer que son efficacité est parfaite, mais à nouveau la tendance a l’air de montrer une certaine efficacité.
6) Les mycoplasmes
Les mycoplasmes lorsqu’ils sont présent se traitent à l’aide d’antibiotiques spécifiques avec un spectre efficace. C’est le cas par exemple de la spiramycine (Suanovil) ou de la doxycycline (ornicure, soludox)
7) Les chlamydias
Lors d’une infection à chlamydia (ornithose), le traitement passe également par un traitement à base de doxycycline. Mais attention, pour éliminer complètement toute trace du problème, et éviter les rechutes à cause de pigeons porteurs sain, le traitement doit durer entre 1 mois et 6 semaines. Et oui, moi qui ne cesse de vous dire de ne pas distribuer en excès et surtout inutilement d’antibiotiques, là je vous dis de traiter durant 6 semaines. Et bien oui, ce qu’il faut à tout prix éviter, c’est l’utilisation inutile, ainsi qu’une mauvaise utilisation (exemple distribuer « un » jour d’antibiotique par semaine. Quel médecin vous prescrit « un » jour d’antibiotique quand vous êtes malades ? Mais par contre lorsqu’il est nécessaire de traiter, il faut frapper avec la force nécessaire pour régler le problème. Et pour une chlamydia, c’est minimum 1 mois !!! Mais donc vous l’avez compris, on ne donne pas un mois d’antibiotique à ses pigeons sans avoir une confirmation par une analyse de laboratoire qu’il s’agit bien du problème.
8) Les bactéries
Les bactéries se traitent grâce à l’usage d’un antibiotique. Comme déjà discuté plus haut, les résistances aux antibiotiques des bactéries augmentent d’année en année, en grande partie dû à une utilisation depuis maintenant plus de 20 ans mauvaise et excessive.
C’est pour cela que de plus en plus les vétérinaires travaillent maintenant avec des cultures des souches de bactéries et des antibiogrammes. Malgré tout certains continuent à préparer des mixtures composées de 3 ou 4 antibiotiques qu’ils vendent comme des petit-pains de façon industrielle. Et oui « business is busines » comme on dit, et vendre des antibiotiques rapporte également beaucoup d’argent. Alors effectivement certaines personnes ont tout intérêt à vous faire croire qu’il faut distribuer des antibiotiques le plus souvent possible sous peine de ne pas faire un prix. Au plus on administre des antibiotiques, au plus on vend d’antibiotiques, au plus de bénéfice on fait une fois de plus sur le dos des colombophiles, mais cela est également un autre débat.
9) L’addition de plusieurs problèmes
Vous l’avez compris j’espère, le « coryza » du pigeon est en fait un problème très complexe, souvent dû à plusieurs causes qui en cascade créent de plus en plus de problèmes. Vos avez compris que le risque 0 n’existait pas. Vous avez aussi compris que « nettoyer les brèches dans le mur de protection » n’était qu’une solution souvent temporaire, et que « refermer les brèches » était une technique beaucoup plus payante sur le long terme. L’immunité des pigeons est un point clef, et à ce niveau 2 méthodes diamétralement opposées s’affrontent. Les colombophiles qui administrent le « moins possible » de médicaments, et qui préfèrent sélectionner leur pigeons en partie sur leur résistance et leur immunité d’un côté, et les colombophiles qui préfèrent à l’inverse protéger leur pigeons en leur administrant des antibiotiques de façon régulière. On peut clairement voir que les 2 méthodes peuvent donner des résultats, on le lit assez lors des articles réalisés sur des colombophiles ayant réalisé de beaux résultats dans ce journal. Mais sur le long terme, vous l’aurez compris, je suis partisan de préférer des pigeons costauds à des pigeons « dépendant ». Mais je ne prétend pas avoir « la seule et unique solution », alors, prenez les infos de cet article, réfléchissez-y, et faites votre propre choix.. Je vous mets en garde cependant qu’en sélectionnant des générations de pigeons « handicapés de l’immunité », vous risquez également d’attraper de plus en plus de maladies de toute sortes et des pertes excessives dans vos pigeonneaux. Car en effet, contre ces virus de pigeonneaux, aucun antibiotique ne pourra vous aider, seule l’immunité du pigeon règle ou empêche les problèmes. Mais ceci est un autre débat qui sera abordé une prochaine fois.
En attendant, après cette longue saison tumultueuse, je vous souhaite un peu de repos mais pas trop quand même… n’oubliez pas que la saison 2016 a déjà commencé avec la mue qui bat son plein…